Fourberies d'escarpins

Publié le par Anaïs Z

Mesdames, qu’on se le dise, les escarpins sont fourbes.  Du haut de mes talons aiguilles je m’en viens le clamer haut et fort : les escarpins sont fourbes. Aussi saugrenue que puisse vous paraître cette déclaration, elle est pourtant véridique, et je pense qu’il m’incombe de vous le démontrer :

 Avec les chaussures c’est toujours la même histoire…Quand on a un coup de pompe, le moral dans les chaussettes, on va bien souvent faire un tour dans les boutiques en quête d’une distraction. En matière de shopping comme en matière d’amour, on est déprimées tant qu’on n’a pas trouvé chaussure à son pied. C’est donc le moral et le porte-monnaie à plat que j’arpente les magasins. Je flâne, je repère, je fais du lèche-vitrine, quand soudain, je l’ai devant moi, à portée de main, le vrai, l’unique, le grand amour. Travelling avant au ralenti, arrêt sur image, slow langoureux, solo de saxo : c’est le coup de foudre. L’objet du désir se trouve là, dans la vitrine, c’est une ma-gni-fi-que paire d’escarpins rouges à talons hauts. Je sais bien que ce n’est pas raisonnable, que je n’en  ai pas vraiment besoin, et que je devrais tirer sur mes chausses mais c’est plus fort que moi, l’amour, ça ne se commande pas, je pousse donc la porte du paradis (ou des limbes ?) de toute serial shoppeuse qui se respecte. La vendeuse qui manifestement est une pointure dans son domaine me colle aux baskets (a-t-elle senti que j’étais prête à m’abandonner ? surement…). On converse un instant, je fais un faux pas en lui avouant mon engouement pour le modèle présenté en vitrine…Au moment de l’essayage je tente de me raisonner, « Que vas-tu faire d’une 56eme paire de chaussures ???!!! Ou vas-tu les ranger ???!!! Une paire d’escarpin ce n’est pas un achat indispensable ou ne serait-ce qu’utile et donc justifiable comme une paire de bottes qui tiennent chaud, de tongs pour la plage, de moonboots pour le ski ou de crocks pour ramasser des bigorneaux dans les rochers. En plus, tu ne peux même pas prétexter que ces chaussures iront avec tout car elles sont rouges ! » Je parviens presque à me résoudre à quitter les lieux sans achat, mais c’est sans compter sur la vendeuse, qui me cire les pompes, me lèche les bottes pour parer à cette éventualité. Je suis dans mes petits souliers, qu’est ce qu’elle me pompe l’air ! C’est finalement d’un pas ferme et décidé que je tourne les talons…en direction de la caisse. J’oublie momentanément ma banquière et ses horribles mocassins (ceci dit ça revient les mocassins, comme quo,i les gens qui se complaisent dans la ringardise finissent toujours par être à la pointe de la tendance à un moment donné puisque la mode est un éternel recommencement…). Telle Scarlett O’Hara je procrastine sans le moindre scrupule, car ces petites merveilles sont à moi !!! A ce moment là de l’histoire, je ne le sais pas encore, mais je viens d’être victime de la sournoiserie de ces escarpins, hors de prix de surcroît, qui m’ont envoutée jusqu’à me faire dépenser tout mon budget shopping du mois en dix minutes. Mais ça ne s’arrête pas là. Sitôt achetés, sitôt enfilés, c’est donc juchée sur des talons de 8 cm que je poursuis ma route. Et c’est alors qu’une autre manifestation de la duplicité de l’escarpin intervient : un étage du centre commercial, un couloir de métro, et deux pâtés de maison plus tard, j’ai maaaaaaaaaaaaaaal. Je souffreeeeeeee. J’ai les pieds tellement enflés que je peine à retirer ces maudits godillots. Quand l’objet du désir devient un objet de torture, c’est le festival des ampoules, échauffements et autres ongles incarnés…Comment des chaussures si belles peuvent-elles s’avérer si douloureuses à porter ? Jimmy ne serait-il finalement pas si chou que ça ? Dans un accès de paranoïa dû à la douleur, j’en viens presque à croire à la théorie du complot, à soupçonner les marques de chaussures d’avoir des actions chez Sholl et à proposer des modèles martyrisant les pieds dans l’espoir de voir grimper les ventes du pack shopping and dancing…

Epuisée, dépitée, (presque) ruinée, et certaine de ne jamais plus les remettre, je contemple une dernière fois mes jolis souliers avant de les emballer dans le papier de soie qui garni leur boîte et de les ranger au fond,  tout au fond de mon placard, qui sera leur tombeau. Je maugrée, je bougonne et jure qu’on ne m’y reprendra jamais plus…enfin, jusqu’à la prochaine fois !

Publié dans vétilles en prose

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M
<br /> De la fourberie de Scapin à ces maudits d'escarpins je suis heureuse que quelqu'un ait enfin osé franchir ce pas décisif qu'est l'incision dans cette matière inconfortable et scabreuse qu'est la<br /> mode. Merci à toi !!<br /> <br /> <br />
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D
<br /> ;-)<br /> <br /> <br />
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D
<br /> il y en a qui sont confortables !<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Je sais bien, je plaisante!<br /> <br /> <br />
D
<br /> tu peux les mettre aussi quand tu sais que tu ne vas pas trop marché ni être trop debout, moi c'est ce que je fais avec ce genre de chaussures ... et les shopping and dancing je trouve pas ça<br /> terrible, ça marche pour toi ???<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Nooon ça ne marche pas ce kit! Il me semble que tu as adopté la bonne technique. Moi, comme tout le monde j'en achète car je trouve ça très beau, et j'en porte très souvent...mais en me<br /> tordant la bouche de douleur lol, mais bon, il faut souffrir pour être belle!<br /> <br /> <br />